
Le fil invisible: de l’exclusion à la création
14-41 deux âgés rejeté et reconstruite
Je suis née dans un monde où l’on parlait de lumière, mais où l’ombre pesait lourd. Une communauté, des règles, des silences imposés. À 4 ans, on m’a amenée voir une femme morte. Je devais prier, poser mes mains. J’ai eu peur. J’ai fui.
Puis il y a eu Néné. Elle avait la peau d’ébène et la grâce d’une reine. Sur deux grandes balançoires, on s’envolait jusqu’au ciel. Elle me parlait de l’Afrique, des marchés pleins de couleurs, des tambours dans la nuit. Je lui racontais la Suisse, la neige et les montagnes.
Le choc a eu lieu à 14 ans. Pour un œuf. Une faim, une règle que j’ai osé défier. Mon père m’a dit : « Tu sors. » J’ai obéi. Je suis devenue invisible. Cette nuit-là, j’ai dormi dehors. J’ai appris les lois de la rue.
Une famille africaine m’a recueillie. Là, j’ai compris que la chaleur humaine ne dépend ni du sang, ni des origines.
Les années ont passé. J’ai travaillé, fondé, échoué, reconstruit. À 41 ans, tout s’effondre : mon père est assassiné, l’homme que j’aime a un enfant ailleurs, je perds ce que j’ai construit.
Alors je fais ce que je fais toujours dans les grandes tempêtes : je brûle, je vide, je recommence.
Et je peins. Pour la première fois.
Je prends un œuf, un peu de farine, des pigments. La texture naît sous mes doigts. Cet œuf, le même que j’avais mis en bouche pour défier, devient aujourd’hui le cœur de ma matière. L’art devient un acte de renaissance.

C'est ici que tout commence à se dire autrement
Je me laisse bercer. Le silence me parle. Entre mes doigts, une forme naît. Elle ne brille pas comme une étoile. Elle brille comme une blessure qu’on choisit d’aimer.
Je la tiens, je l’écoute. Elle me rappelle que ce que je crée n’est pas qu’une texture. C’est une mémoire. Une terre broyée par la vie,
liée par un œuf, toujours, pour donner naissance à autre chose..quelque chose de beau.
Mon atelier n’est pas un lieu de production. C’est un lieu de passage. Une mémoire y circule. Celle de mes 14 ans, celle de mes 41 ans. Celle des femmes qui n’ont plus rien, sauf la force de transformer des pierres brutes en éclats de lumière. La mémoire des enfants rejetées laissés vivre dans la rue.
Quand je peins, je n’invente rien. J’écoute. J’assemble. Je laisse la matière parler de ce qu’elle a vu, de ce qu’elle a survécu.

Elles taillent la pierre. Je peins leur lumière.
Elles ne sont pas les oubliées de la guerre.
Elles ont été utilisées comme champ de bataille.
Leurs corps brisés, leurs entrailles ravagées, leurs voix étouffées.
Le viol comme arme, la terreur comme méthode.
Et malgré tout, elles sont debout.
Dans un atelier que nous avons ouvert ensemble, elles apprennent à résister autrement.
Elles polissent la douleur.
Elles transforment la roche brute en éclats précieux, comme si, à force de courage, la pierre acceptait de porter leur mémoire.
Mes précieuses.
Chacune d’elles taille plus qu’un cristal : elle sculpte sa dignité retrouvée.
Ces pierres, je les intègre dans mes toiles. Pas comme un détail, mais comme un cœur battant. Elles font partie de l’œuvre. Comme elles font partie de ma vie, de mon combat, de ma promesse :
ne jamais taire ce que d'autres voudraient effacer.

Enfants vivant dans les rues- Punis d'exister
Ils ne sont pas tombés dans la rue. On les y a laissés.
Parfois leurs parents sont vivants. Parfois même tout proches.
Mais personne n’est venu les chercher. Pas un regard, pas un geste.
Comme si leur douleur ne comptait pas. Comme si un enfant pouvait s’effacer.
Ils n’ont pas fui. Ils ont été jetés dehors. Comme des choses. Et personne ne leur a tendu la main.
Je les ai vus dormir à même la terre, les yeux ouverts, les ventres vides,
les mains tendues vers rien. Puis un jour, je n’ai plus su partir.
Alors on a vécu ensemble. On a appris à respirer dans un monde qui les oublie. On a construit des maisons, planté des arbres, soigné les blessures visibles… et les autres.
Ils m'appellent KoKoYa. J’ai laissé ce nom me guérir aussi.
Aujourd’hui, ils brillent dans mes toiles. Des figurines phosphorescentes racontent leur silence. Car dans l’obscurité, eux, ils brillent.
Et moi, je peins pour qu’on ne puisse plus les ignorer.

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